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Identité

«place identity» & autres expressions

Définition

Nombreux sont les auteurs, issus du domaine de la sociologie, de l’urbanisme, de la géographie et de l’architecture, qui se sont attardés sur la question identitaire aux cours des dernières années. Étrangement, pourtant, le concept demeure tout aussi abstrait, revêtant parfois le titre de « sense of place », « place identity » ou « place attachment », pour ne nommer que ceux-ci. (Lewicka, 2010). Il ne fait nul doute que l'être humain est capable d'éprouver un fort sentiment d'attachement envers un endroit qu'il associe à un événement marquant ou à une période de sa vie. (Tuan, 2001 ; Castello, 2010 ; Lewicka, 2010) Cependant, les recherches complétées dans le domaine n'ont pas réussi à définir assez précisément la liste des critères encourageant le développement de ce type de ressenti au quotidien.

 

Dans son article « Place attachment: How far have we come in the last 40 years? » paru dans le Journal of Environmental Psychology en 2010, Maria Lewicka propose néanmoins un survol des théories publiées depuis les années 1960s, début de l'essor grandissant pour la question identitaire. Elle réussit donc à faire émaner un certain constant général, ou d'établir du moins les moments où ces théories s'entrecoupent, afin de définir une ligne directrice pour la suite des réflexions.

 

De ces constats émergent donc deux grandes catégories : la dimension sociale de l'espace et sa dimension physique. Tous ne s'accordent pas à savoir lequel a prédominance sur l'autre, notamment par le fait que cette prédominance dépend du contexte socioéconomique des individus et l'échelle urbaine, mais il n'en reste pas moins que ce sont sur ces points que les professionnels de l'aménagement pourraient s'attarder pour générer des espaces encourageant le développement du «place identity». (Lewicka, 2010)

« ... the essence of place would lie in its ability to establish spatial relationships with human experiences of existence.  »

 

(Relph, 1976)

Dimension sociale

Le principal critère dans la reconnaissance d'un lieu aux yeux d'un individu est sa capacité à entrer à relation avec autrui. Que ce soit par le développement d'amitiés profondes ou encore la quête d'une courte discussion avec une connaissance, nous cherchons tous à établir contact avec l'autre et créer des liens.  

Le sentiment de communauté recherché assure également une perception de sécurité, un critère important dans le caractère identitaire d'un lieu.

(Lewicka, 2010)

Dimension physique

Certaines caractéristiques physiques d'un espace encouragent la dimension sociale du «place identity» en facilitant les interactions et en offrant un contexte favorisant l'attachement social. Bien que cela ne soit pas appuyer par des recherches scientifiques, on suppose qu'un individu a tendance à rester plus longtemps dans un endroit dans lequel il se sent confortable (Lewicka, 2010), et a donc plus de changes de se l'approprier

Par ailleurs, le géographe Ti-Yu Tuan ajoute que les dimensions physiques, soit les stimulations environnementales, d'un espace contribue au développement d'un sentiment d'attachement. En effet, l’expérience d’un espace est teintée par les perceptions ressenties, émanant des conditions existantes notamment de l’environnement - que certains auteurs nomment «stimuli» ou «genius loci» - et de l’environnement socioculturel dans lequel on se trouve. (Castello, 2010) Les moments vécus sont enregistrés dans la mémoire sous forme de souvenirs où le contexte tridimensionnel sert d'arrière-plan aux actions. Or, c'est en justement envers ce contexte physique que l'individu développe un certain attachement en associant la composition matérielle et spatiale aux souvenirs enregistrés. (Tuan, 2001) C'est donc par l'expérience phénoménologique d'un lieu qu'un individu détermine la signification d'une place. (Tuan, 1975) De ce constat, Relph suggère sept niveaux de « sense of place », soit sept expériences qu'un individu peut ressentir dans un lieu.

 

 

 

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Les sept niveaux de « sense of place »

Ici, le principe d'outsideness peut être compris comme le sentiment ressenti par un individu alors qu'il est physiquement présent quelque part, mais qu'il a l'impression d'agir comme spectateur à ce qui l'entour ; tandis que l'insideness peut être compris comme le moment où un individu à l'impression de prendre part à l'ensemble. 

1. EXISTENTIAL  INSIDENESS

L'implication la plus significative qu'un individu peut ressentir avec son environnement. Un sentiment de « chez-soi » est perçu. 

2. EXISTENTIAL OUTSIDENESS

L'individu ne ressent aucun sentiment d'attachement envers le lieu, voire de l'aliénation et une sensation d'étrangeté. Il sent qu'il n'est pas à sa place.

 

3. OBJECTIVE OUTSIDENESS

Implication de l’individu à une certaine distance, comme si la place était l’objet d’une étude scientifique.

 

4. INCIDENTAL OUTSIDENESS

La place est un lieu de transition alors qu’un individu se déplace vers un autre endroit.

5. BEHAVIOUR INSIDENESS

Une expérience est créée par la combinaison d’éléments distinctifs, de vies et de monuments marquant du paysage.

 

6. EMPATHETIC INSIDENESS

L’individu ressent de l’empathie face aux expressions de ceux qui ont créés la place.

 

7. VICARIOUS INSIDENESS

C’est une expérience indirecte où l’individu est transporté à une place par le biais d’une image, d’une peinture, d’un film ou autre.

 

(Castello, 2010 ; selon la théorie de Replh, 1996 et Seamon, 1996)

Recommandations

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INTERACTIONS INDIVIDUS-INDIVIDUS

_Encourager les activités quotidiennes, les rencontres spontanées et les moments de détentes. (Magnaghi, 1996)

_Aménager des espaces avec un potentiel d'interactions élevés. (Milligan, 1998)

VARIÉTÉ DE SERVICES

_Proposer une variété de produits et services essentiels pour générer une plus grande fréquence d’utilisation. (Castello, 2010)

DIVERSITÉ 

_La population fréquentant un même endroit doit suggérer une certaine diversité, ethnique ou autre, de manière à former une richesse sociale. Par contre, cette population doit tout de même être assez similaire pour que les individus puissent se trouver rapidement des points communs. (Lewicka, 2010)

_La diversité des individus devrait refléter celle d'une micro-communauté.

GENIUS LOCI

_Mettre de l’avant les caractéristiques intrinsèques de l'espace, le genius loci, pour stimuler les perceptions sensorielles de l'individu. (Norberg-Schulz, 1988)​

INTERACTION INDIVIDUS-ENVIRONNEMENT

_Permettre aux individus de profiter du plaisir et du confort de l’environnement, comme sentir la brise sur le visage, observer un paysage, etc. (Castello, 2010)

_Les espaces verts sont une composantes importantes du paysage vers lequel chacun y trouve un certain réconfort. Leur présence assure donc une perception plus positive des lieux. (Lewicka, 2010)

Somme toute, c'est par la combinaison de ces facteurs sociaux et physiques qu'un lieu acquière une identité aux yeux d'un individu, et donc aux yeux d'une communauté. 

L'identité ainsi construite est alors reprise par l'institution responsable de la gestion de l'endroit, les gestionnaires d'une université par exemple, qui en font la promotion sous la forme d'une image. Ils y promeuvent la qualité des espaces, les interactions et le sentiment de communauté présent, de manière à amplifier le caractère identitaire des lieux par, ce qui est surnommé, le « place branding ». 

Fait par Marie-Ève Beaudette
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