Woonerf
ou « rue partagée »
Définition
Le concept des woonerfs, d’abord indroduit à Delft au Pays-bas dans les années 1960, propose la mise en valeur d’une relation de symbiose entre les voitures et les piétons en donnant priorité aux piétons. Une limite de vitesse imposée à 30km/h permet de s’assurer que les voitures se déplacent à une vitesse similaire aux piétons. Dans les woonerfs, tous les signes de la route ainsi que les feux de circulation sont retirés. La différence de hauteur entre les trottoirs et la route est aboli pour que tout le monde se retrouve au même niveau (Nalmpantis, Lampou, & Naniopoulos, 2017). Ce concept hollandais nommée parfois « rue conviviale» ou « rue partagée», se place dans l’optique où la rue devient comme une deuxième cour pour les résidents.
Source :
PSU Delft, 2015
Pinterest, 2018
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Contrairement à la rue piétonne, il est possible de s’y reposer, jouer, circuler à vélo ou en voiture et ce en toute sécurité. Ce type de réaménagement permet de donner vie aux rues résidentielles en leur procurant une âme (Ville de Montréal, 2011). L’implantation de woonerfs vise à améliorer l'ambiance des quartiers résidentiels en priorisant le fait d’habiter la rue plutôt que d’y circuler, sans toutefois l’en empêcher (Côté-René, s.d.). À la base, ce type d’aménagement urbain est réservé aux rues et ruelles résidentiels. L’objectif principale des woonerf est de changer la manière dont les rues sont utilisées et d’améliorer la qualité de vie dans les zones résidentielles en concevant les rues non seulement pour le traffic, mais pour les gens (Nalmpantis, Lampou, & Naniopoulos, 2017).
Concevoir les rues pour les gens et pas seulement pour le traffic.
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- Nalmpantis, Lampou, & Naniopoulos, 2017
Caractéristiques
CLIMAT SÉCURITAIRE
_En forçant les automobilistes à réduire leur vitesse de circulation et en utilisant des mesures d’apaisement de la circulation
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RÉAPPROPRIATION DE LA RUE
_En aménageant des espaces propices à plusieurs activités (présence de bancs, d’aires de jeu et partage de l’espace entre tous les usagers)
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INTERVENTION À PORTÉE TRÈS LOCALE
_Limité géographiquement, donc ne permet pas de combler tous les besoins en déplacement et vise seulement les transports actifs.
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INTERVENTION LIMITÉE AU DOMAINE PUBLIC
_Permet de rendre les déplacements plus conviviaux et sécuritaires, mais ne réduit pas les distances à parcourir.
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(Côté-René, s.d.)
Vitesse du trafic
Des anlayses de sécurité ont démontrées que la vitesse maximale à laquelle un piéton peut se sortir d’un impact sans blessures graves est en bas de 30 km/h. Des recherches suggèrent aussi que les capacités d’un individu à interagir et avoir un «eye contact » avec d’autres personnes diminue rapidement à des vitesses au-delà de 30km/h. (Baker, 2004)
Woonerf appliqué au Campus universitaire
Dans plusieurs campus universitaire, spécialement ceux situés dans des zones urbaines où l’espace est limité, il existe un «combat» entre piétons et automobilistes.
Récemment, le concept de woonerf, habituellement réservé aux zones résidentielles, a été utilisé dans des zones commerciales et tend aussi à se développer pour les campus universitaires. Il est notamment possible de l’observer avec l’exemple de l’avenue Kenmore dans le campus DePaul de l’université de Chicago. Cette proposition suggère l’installation de mobiliers urbains (bancs, tables, espaces de repos), le remplacement de l’asphalte par du pavé et le positionnement des trottoirs à la même hauteur que la rue. (Nalmpantis, Lampou, & Naniopoulos, 2017) Une question se pose en aménageant ce type d’espace: est-ce que le fait de diminuer les places de stationnements aura un impact négatif sur l’occupation du lieu.
Woonerf de Kenmore, Chicago
Woonerf de Kenmore, Chicago
Source : Biasco, 2013
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Des chercheurs de l’Université de Aristote de Thessalonique en Grèce ont d’ailleurs analysé l’impact de transférer l’idée des woonerfs des zones résidentielles aux campus universitaires, notamment le leur. Les résultats obtenus démontrent qu’il est urgent de repenser l’espace public de leur campus et de redonner l’espace public des universités aux communautés académiques. Cette solution permet d’améliorer l’accessibilité des campus en plus de libérer de l’espace pour les étudiants et les employés, de même que pour les piétons, visiteurs, cyclistes, etc. Selon leurs analyses, la solution alternative que représente les woonerfs pour les campus universitaires semble faisable et viable. Cette proposition semble plus flexible pour la circulation au travers du campus, comparativement aux rues piétonnes. Celle-ci peut s’appliquer notamment au campus de l’Université de Aristote de Thessalonique, mais à des campus similaires (Nalmpantis, Lampou, & Naniopoulos, 2017).
Campus de Thessalonni
Critères pour un bon Woonerf
Selon le ministère des transports des Pays-Bas en 1976 (Hamilton-Baillie, 2001)
1. Par définition, un woonerf doit se trouver dans une zone résidentielle.
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2. Les routes se trouvant dans un woonerf devraient transporter que du trafic de véhicules ayant une origine ou une destination dans ce woonerf: la circulation de passage devrait être exclue le plus possible.
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3. Tenter de réduire le flux de trafic et éviter les circulations trop importantes.
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4. L’impression que la route séparée en zone distincte pour les piétons et les véhicules doit être évitée. Les piétons doivent être au même niveau que les automobiles.
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5. Les éléments verticaux tels que les bacs à plantes et les arbustes ne doivent pas restreindre la visibilité.
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6. Les entrées et sorties de woonerfs doivent être conçues de manière à pouvoir être clairement identifiées et ce doit être évident pour les conducteurs.
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7. Les zones de la route réservées au stationnement devraient être clairement indiquées.
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8. Il doit y avoir une présence adéquate de stationnement pour les résidents d’un woonerf. Toutefois, s’il existe une zone à proximité possédant les espaces stationnements excédentaires nécessaires, l’offre de places de stationnements peut être inférieure à la demande.
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9. Sur les parties de la route destinées à être utilisées par des véhicules, des éléments doivent être mis en place pour réduire la vitesse de tous types de véhicules. Ces éléments ne doivent pas être séparés de plus de 50 mètres.
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10. Les éléments mis en place pour réduire le trafic doivent faire en sorte que les véhicules ne circulent pas directement face à une entrée de logement.
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11. Les éléments mis en place pour réduire le trafic ne doivent pas être dangereux si un véhicule passe par-dessus.
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12. Un éclairage adéquat doit être fourni pour que tous les éléments, notamment ceux mis en place pour réduire le trafic, soient visibles.
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13. Les zones spécialement conçues comme des zones de jeux doivent être clairement identifiées pour facilement être distinguées des zones pouvant être utilisées par des véhicules. Dans la mesure du possible, les aires de jeux doivent être physiquement séparées des parties de la voie publique empruntées par les véhicules.
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14. Le signe de woonerf doit être placé aux abords de la rue.
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Sécurité
Cohabitation
Destination
En conclusion, un Woonerf se doit d'être un endroit sécuritaire pour la cohabitation entre piétons et véhicules, afin d'améliorer la qualité du lieu dans lequel le concept est utilisé. Un woonerf doit être un lieu de destination, afin de réduire la circulation superflue dans la rue et devenir plus accessible tout en favorisant les déplacements actifs.